Page:Loti - Pêcheur d Islande.djvu/88

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Yann et Sylvestre avaient l’habitude de lire leurs lettres ensemble.

Cette fois, ce fut au soleil de minuit, qui les éclairait du haut de l’horizon toujours avec son même aspect d’astre mort.

Assis tous deux à l’écart, dans un coin du pont, les bras enlacés et se tenant par les épaules, ils lisaient très lentement, comme pour se mieux pénétrer des choses du pays qui leur étaient dites.

Dans la lettre d’Yann, Sylvestre trouva des nouvelles de Marie Gaos, sa petite fiancée ; dans celle de Sylvestre, Yann lut les histoires drôles de la vieille grand’mère Yvonne, qui n’avait pas sa pareille pour amuser les absents ; et puis le dernier alinéa qui le concernait : « Le bonjour de ma part au fils Gaos. »

Et, les lettres finies de lire, Sylvestre timidement montrait la sienne à son grand ami, pour essayer de lui faire apprécier la main qui l’avait tracée :

— Regarde, c’est une très belle écriture, n’est-ce pas, Yann ?

Mais Yann qui savait très bien quelle était cette main de jeune fille, détourna la tête en secouant