Page:Loti - Roman d’un enfant, éd. 1895.djvu/185

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
171
LE ROMAN D’UN ENFANT

bours et de clairons annonçant l’heure hâtive du coucher des matelots.

Et, en arrivant au logis, c’était généralement au fond de la cour que je retrouvais les chères robes noires, assises, à la belle étoile ou sous les chèvrefeuilles.

Au moins, si les autres étaient rentrées, j’étais sûr de trouver là tante Berthe, seule, toujours indépendante de caractère, et dédaigneuse des rhumes du soir, des fraîcheurs du serein ; après m’avoir embrassé, elle flairait mes habits, en reniflant un peu pour me faire rire, et disait : « Oh ! tu sens la Limoise, petit ! »

Et, en effet, je sentais la Limoise. Quand on revenait de là-bas, on rapportait toujours avec soi une odeur de serpolet, de thym, de mouton, de je ne sais quoi d’aromatique, qui était particulier à ce recoin de la terre.