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XLVIII


Très vite je m’étais attaché à mon grand cousin et à ma grande cousine de là-bas, les tutoyant comme si je les avais toujours connus. Je crois qu’il faut le lien du sang pour créer de ces intimités d’enblée, entre gens qui, la veille, ignoraient même l’existence les uns des autres. J’aimais aussi mon oncle et ma tante ; ma tante surtout, qui me gâtait un peu, qui était extrêmement bonne et belle à regarder encore, malgré ses soixante ans, malgré ses cheveux tout gris, sa mise de grand’mère. Elle était une personne comme il n’en existera bientôt plus, à notre époque où tout se nivelle et tout se ressemble. Née dans les environs, d’une des familles les plus anciennes, elle n’était jamais sortie de cette province de France ; ses manières, son hospitalité