Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 3.djvu/95

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III


Quand Danaë revint à elle, son enfant était couché dans ses bras, et elle-même reposait sur un lit royal de byssos pourpré. Aux premières questions qu’elle posa, on lui répondit que les divinités de la mer l’avaient fait aborder à l’île de Sériphos où régnait depuis peu de temps le héros Polydektès, et qu’elle était dans son palais.

Elle vécut là, éleva son fils, tissa la laine et cueillit des roses. Sa vie était heureuse et sans événements. Pour rester fidèle au souvenir de l’Or, elle avait refusé même la main du Roi ; elle ne parlait à personne, si ce n’est à sa vieille nourrice, qui d’Argos était venue la rejoindre, et ne la quittait plus.

L’enfant grandissait. Douze années s’écoulèrent. On lui avait donné un arc et des flèches et une petite épée tranchante. Aussi passait-il déjà toutes ses journées à la chasse, seul, et parfois égaré dans