Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 8.djvu/68

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six mois lorsqu’il sera trop tard. Quel est ton directeur ? »

Psyché eut un mouvement.

« Toi qui pratiques si peu…

— Il ne s’agit pas de moi. Quel est ton directeur ?

— Hélas ! c’était le Père Pasquier… Il me connaissait depuis mon enfance. Je n’avais qu’un mot à lui dire et il trouvait tout de suite le conseil qu’il me fallait dans chaque circonstance. Maintenant qu’on a expulsé les Dominicains, j’ai pris un abbé, mais ce n’est pas la même chose.

— Quel homme est-ce ?

— Intelligent ; grand confesseur ; beaucoup d’expérience et d’autorité. Un peu médecin des âmes, tu vois ce que je veux dire ? Il donne ses conseils comme des ordonnances et il a toujours une recette pour vous préserver du péché.

— C’est bon, cela. Pour guérir les crises de la volonté, les petits moyens valent mieux que les grandes phrases.

— Le Père Pasquier n’en disait pas tant, mais il savait me prendre, et quand je sortais de chez lui, j’étais sûre de moi. »

Mme de Jaulgonne hésita un instant, puis, avec le sourire audacieux et inquiet d’un joueur qui demande une carte à cinq, elle conclut :

« Va chez l’abbé. »