Page:Louÿs - Les Chansons de Bilitis, 1898.djvu/142

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Je fus jadis amoureuse de la beauté des jeunes hommes, et le souvenir de leurs paroles, jadis, me tint éveillée.

Je me souviens d’avoir gravé un nom dans l’écorce d’un platane. Je me souviens d’avoir laissé un morceau de ma tunique dans un chemin où passait quelqu’un.

Je me souviens d’avoir aimé… O Pannychis, mon enfant, en quelles mains t’ai-je laissée ? comment, ô malheureuse, t’ai-je abandonnée ?

Aujourd’hui Mnasidika seule, et pour toujours, me possède. Qu’elle reçoive en sacrifice le bonheur de ceux que j’ai quittés pour elle.