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prie-Dieu d’église sont mal compris pour enculer les petites filles.

— Tu as des mots, Charlotte.

— J’avais le trou du cul trop bas. Je me suis mise alors sur une marche de l’autel où je me trouvais juste à la hauteur.

— Les marches d’autel sont mieux comprises pour enculer les petites filles ?

— Oh ! on dirait qu’elles sont faites pour ça ! Nous étions si bien en place qu’aussitôt enculée j’ai eu envie de jouir, et j’ai tant déchargé, mais tant ! que j’ai remercié la Sainte Vierge, croyant que je lui devais mon plaisir.

« Après ça, qu’est-ce que j’allais faire du foutre que j’avais dans le cul ? Il n’y a pas de bidets dans les églises et les bénitiers sont trop hauts. C’est mal placé, vraiment, ces cuvettes-là. En soulevant au hasard le couvercle d’un prie-Dieu, j’ai trouvé un mouchoir neuf, qu’une vieille dévote avait mis là pour pleurer ses péchés le dimanche suivant. Au lieu de larmes, il a reçu mon foutre, son mouchoir et je me suis proprement torché le derrière avec. Aimerais-tu ça, de m’enculer dans une église, toi ? Je recommencerai si tu veux. »

Charlotte s’agitait. Elle remuait les jambes et devenait très rouge.

La brutalité de ses deux dernières phrases me fit comprendre qu’une nouvelle crise était proche. Le ton de son récit changea brusquement, comme son visage. Âpre, douloureuse, un peu haletante, elle reprit.

« Crois-tu que cela ne m’arrivait pas souvent