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— Bien. On peut te dépuceler ; mais tu sais qu’à ton âge ça te fera beaucoup plus de mal par devant que par derrière ?

— Ça m’est égal, fit-elle tendrement.

— Et tu sais que ça me fera mal à moi aussi ?

— Ça, je m’en fous encore plus ! dit-elle avec gaîté.

— Et qu’est-ce qui arrivera le soir ? Comme vous êtes gousses toutes les quatre, ta mère et tes sœurs verront le soir-même que ton pucelage est enfoncé. Ta mère sera furieuse. Nous serons tous brouillés à mort. Et que nous restera-t-il de tout cela ? Le souvenir d’une demi-heure où nous aurons eu, toi et moi, beaucoup plus de mal que de plaisir. Et pendant que je te regretterai tu baiseras avec les autres. Faisons le contraire. Laisse-toi dépuceler par quelqu’un et ensuite nous baiserons tant que tu voudras. »

Mauricette demeura songeuse. Je sus plus tard qu’elle avait failli me dire : « Pourquoi ça vaut-il deux mille francs, si tu n’en veux pas pour rien ? » Mais elle garda le silence et, pendant qu’elle réfléchissait, il me vint une idée qui, heureusement, finit par la séduire. « Pourquoi ne me donnes-tu pas ton autre pucelage ?

— Lequel ? » fit-elle avec stupeur.

Elle ne comprenait pas du tout. Comme elle était toujours sur mes genoux, je la serrai contre moi et je lui dis plus bas :

« Voyons. Je ne te gronderai pas devant tes sœurs ; mais personne ne nous entend. Est-ce que tu n’es pas honteuse, à ton âge, de ne pas encore savoir sucer ? »