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Page:Louis Delaporte - Voyage d'exploration en Indo-Chine, tome 1.djvu/115

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Dans le nord et à deux journées de marche de Preacan, toujours sur le territoire cambodgien, sont les ruines d’une autre résidence appelée Caker ; les indigènes affirment qu’elle est entièrement détruite et qu’elle n’offre aucun intérêt après celles qui précèdent. Compong Thom, chef-lieu de la grande province de Compong Soai, est à trois journées de marche dans le Sud.

Nous allons compléter cette énumération des monuments khmers que nous connaissons par la description de l’important groupe de ruines de Pnom Bachey. En y joignant les ruines de Banon, Wat Ek et Baset, situées dans la province de Battambang et qui, ont été déjà décrites par Mouhot et par le Dr Bastian, et quelques autres monuments disséminés dans l’intérieur du Laos, dont il sera parlé plus tard dans le cours de cet ouvrage, le lecteur aura la liste des principales constructions qui témoignent encore aujourd’hui des splendeurs de cette civilisation détruite.


§ 8. — Pnom Bachey.


Pnom Bachey est une ondulation de terrain, située sur la rive droite du grand fleuve à quarante-cinq milles en amont de Pnom Penh ; elle aboutit à la pointe de Compong Thma « rivage des pierres, » non loin du groupe d’îles que commande Co Sutin[1]. Les ruines que nous allons décrire sont à 4 ou 5 kilomètres du fleuve. Elles appartiennent à un monument à galeries, inférieur comme matériaux et comme style aux précédents, mais de dimensions encore imposantes. À l’exception du sanctuaire et de la porte monumentale qui sont en grès, il est entièrement construit en pierre de Bien-hoa. Les règles que comporte ce genre d’édifice ne sont plus observées. Les galeries à colonnes disparaissent et sont remplacées par d’étroits couloirs : au lieu de trois galeries concentriques, il n’y en a plus que deux, tellement rapprochées qu’elles semblent n’en former qu’une seule.

Une enceinte extérieure, qui a 400 mètres de l’est à l’ouest et 200 mètres du nord au sud, enveloppe tout l’édifice ; elle se compose d’un simple mur de trois mètres de hauteur sur 0m,60 d’épaisseur qui repose sur deux forts soubassements ; un cordon dentelé lui sert de chaperon. En avant de chacune des portes de cette enceinte étaient deux tours carrées. Si l’on suit l’étroite chaussée qui de la porte est se dirige vers le sanctuaire, on laisse à droite et à gauche des vestiges de constructions peu importantes, et l’on arrive à une porte en grès, à ouverture unique, qui s’ouvre au milieu d’une seconde enceinte. (Voy. le plan ci-contre, p. 89. La première enceinte n’y figure pas.) Une petite colonnade et un péristyle en décorent la façade et elle est précédée d’une terrasse ornée de lions accroupis, à longue crinière. Sur la chaussée même, sont deux statues de l’oiseau Krout. Une porte semblable existe sur la face opposée ; les faces nord et sud n’ont que des poternes. L’enceinte elle-même est formée par un simple mur un peu plus élevé que le précédent. L’espace qui sépare cette seconde enceinte de la galerie extérieure du monument comprend, sur le côté est, deux bassins à revêtement de pierre, qui aujourd’hui encore alimentent d’eau les populations voisines pendant la saison sèche ; sur chacun des côtés

  1. Voy. la carte générale de l’Indo-Chine, Atlas, 1re partie, planche II.