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Page:Louis Delaporte - Voyage d'exploration en Indo-Chine, tome 1.djvu/142

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L’historien tibétain que nous avons déjà cité constate qu’à peu près à la même époque quelques disciples de Vasubandhu répandirent dans le pays de Koki (Indo-Chine), le Mahajana ou « grand véhicule, » qui s’y maintint à partir de ce moment presque sans interruption[1].

« Après avoir fait encore la conquête du royaume de Kin-lin[2], Fan-tchen tomba malade et dut envoyer à la tête de ses armées, l’aîné de ses fils, nommé Kin-sen. Un de ses neveux, nommé Chan ou Tchouan, qui convoitait le trône, réunit deux mille sicaires, tendit une embûche au jeune prince et l’assassina. Fan-se-man succomba sur ces entrefaites à sa maladie et laissa à son plus jeune fils, nommé Tchang, le soin de punir le criminel. Tchang vécut ignoré au milieu du peuple jusqu’à l’âge de vingt ans, sut se concilier les principaux du royaume et réussit à tuer l’usurpateur. Mais, peu après, il fut assassiné à son tour par le général Fan-siun, qui avait participé au meurtre de Kin-sen et qui prétendait restaurer en sa personne l’ancienne famille royale indigène du Fou-nan. Une fois maître de la couronne, Fan-siun montra les aptitudes les plus grandes au gouvernement des peuples. Il agrandit encore l’empire. Il fit construire dans son palais des tours et des théâtres pour la récréation des hôtes qu’il recevait à la troisième ou à la quatrième heure du jour. Il envoya des tributs à la Chine pendant les années Tay-che de Wou-ti (265 à 275 ap. J.-C.) »

Fan-siun est désigné ailleurs sous le nom de Fan-tchen. Il envoya un de ses parents nommé Sou-we en ambassade au roi indien Meou-lun.

« En partant du Fou-nan, l’ambassade sortit par l’embouchure du Teou-kieou-li, suivit sa route par mer dans la grande baie et en se dirigeant au nord-ouest, elle entra dans la baie qu’elle traversa en côtoyant les frontières de plusieurs royaumes. En une année environ elle put parvenir à l’embouchure du fleuve de l’Inde. Au bout de quatre ans, Sou-we revint dans son pays, accompagné de deux envoyés indiens qui allaient offrir à Fan-tchen de la part du roi Meou-lun quatre chevaux du pays des Yue-tchi. Ils trouvèrent à Fou-nan un officier chinois de second rang, nommé Kang-tai, envoyé par l’empereur de la dynastie Ou[3]. »

Au quatrième siècle, le Fou-nan parait s’être uni au Lin-y pour porter la guerre sur les frontières de la Chine, ou plutôt dans le Ji-nan et dans le Kiao-tchi. Ces deux derniers royaumes venaient de faire leur soumission à la dynastie des Tsin, après la conquête par celle-ci du royaume de Ou, et ils étaient gouvernés par une famille chinoise que les annales annamites désignent sous le nom de Hoang.

Nous citerons ici le passage même de ces annales : « Quand Tarn (Tsin) eut soumis

    donner des proportions monumentales, n’auraient pu suffire à une telle destination. Il est plus probable qu’il s’agissait de temples ou d’autres édifices construits à l’époque de la domination cambodgienne. (Cf. Crawfurd, History of the indian archipelago, t. II, p. 337. Barros, Décad.)

  1. Tàranâtha’s Geschichte des Buddhismus, etc. (loc. cit.).
  2. Peut-être le même royaume que celui de Ki-lin koue « royaume des coqs et des forêts », qui existait vers le neuvième siècle sur les confins de la Cochinchine et du Tong-king (Voy. Mémoires concernant les Chinois, t. V, p. 427).
  3. Pien y tien, k. 68 traduit par Pauthier loc. cit.), et Ma-touan-lin, traduit par Stan. Julien (loc. cit.).