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Page:Louis Delaporte - Voyage d'exploration en Indo-Chine, tome 1.djvu/327

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DE HOUTÉN À VIEN CHAN.

loin, le Nam Mong, petite rivière qui a entassé à son embouchure une énorme barre de sable. C’est là que nous passâmes la nuit ; le commandant de Lagrée trouva dans une pagode du village une inscription en vieux caractères presque effacés par le temps. Leurs formes sont moins arrondies que celles des lettres cambodgiennes, et si illisible que soit sans doute cette empreinte, je crois devoir la reproduire ici. Peut-être son examen pourra-t-il fournir quelque lumière sur l’ancienneté relative de l’écriture au Laos et au Cambodge.

Le lendemain, à une heure, nous arrivâmes à Vien Chan : deux cases avaient été construites pour nous sur un banc de sable au pied de la berge, en cet endroit très-haute et très-attaquée par le courant. Le fleuve, qui remonte droit au nord à partir de l’embouchure du Nam Mong, forme ici un coude brusque à l’ouest, direction dans laquelle il se maintient à perte de vue ; sa largeur redevient considérable et dépasse un kilomètre. C’est son dernier épanouissement avant de s’engager pour toujours dans la région hérissée de montagnes au seuil de laquelle se trouve l’ancienne métropole du Laos.


INSCRIPTION TROUVÉE À BAN NAM MONG (MOITIÉ DE LA GRANDEUR RÉELLE).

L’emplacement de Vien Chan, dont la destruction par les Siamois remonte à quarante années à peine, est déjà entièrement envahi par la végétation. Ses ruines occupent, le long de la rive gauche du fleuve, un espace d’une lieue environ ; une enceinte bastionnée et précédée d’un fossé profond, court parallèlement à la rive qu’elle vient rejoindre en amont et en aval du coude formé par le fleuve, dessinant ainsi une sorte de segment irrégulier qui n’a pas un kilomètre dans sa plus grande largeur. Le palais du roi, qui est la seule habitation dont les vestiges soient encore reconnaissables, occupe le centre de cet espace. Autour de lui, sont disséminés, au milieu des broussailles, les restes de nombreuses pagodes. Une ou deux, moins maltraitées que les autres par les vainqueurs, ont été réparées tant bien que mal et sont aujourd’hui desservies par des bonzes. Il n’y a rien dans ces ruines qui puisse produire la puissante impression que l’on ressent à la vue des monuments d’Angcor. Les matériaux qu’emploient les Laotiens se prêtent peu à des constructions