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Page:Louis Delaporte - Voyage d'exploration en Indo-Chine, tome 1.djvu/463

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pétrifiée. Nous rencontrions sur notre route quelques sauvages à physionomie nouvelle, au type chinois, à la figure allongée. Dans l’après-midi, nous descendîmes le versant est de la chaîne que nous suivions, pour gagner la petite vallée de Muong Yang, village où nous devions nous arrêter le soir.


CAMPEMENT DANS LA MONTAGNE ENTRE MUONG YANG ET BAN KON HAN.

Les quelques villages qui s’élèvent sur les bords du Nam Yang sont tous peuplés par des Thaï, chassés par l’insurrection mahométane. Ils viennent de la vallée du Nam Thé, qu’ils appellent le Kiang Cha. Là, se trouvent le Muong Choung et le Muong Ya. Le Nam Thé est le nom laotien du fleuve du Tong-king, et Muong Choung est l’ancienne dénomination de la ville chinoise de Yuen-kiang. Les Thaï Ya sont appelés Pa-y par les Chinois. Ce furent des Thaï Ya que l’on nous donna à Muong Yang comme porteurs de bagages : la plupart paraissaient exténués de fatigue ; tous avaient l’air misérable. Le lendemain, 9 octobre, nous quittâmes la vallée du Nam Yang pour rentrer dans la montagne. Celle-ci, très-boisée et presque déserte, nous offrit les sites les plus pittoresques au prix de fatigues souvent excessives ; des montées et des descentes perpétuelles nous disposèrent admirablement au repos du soir. Nous couchâmes au milieu de grandes herbes, un peu au-dessous d’une crête de montagne à laquelle le baromètre assignait une élévation de plus de 1,300 mètres.

Pendant toute la journée du 10, nous suivîmes une ligne de faîte étroite, boisée et sinueuse, du haut de laquelle nous jouissions d’une vue très-étendue ; quelques sources surgissaient des flancs de la montagne, à quelques mètres au-dessous de nous, et, de cascade en cascade, allaient grossir les eaux de quelque torrent invisible. Nous arrivâmes le soir à un village de sauvages, Ban Kon han, dont la population mâle était employée presque tout entière aux travaux des champs. Pour trouver le nombre de porteurs qui nous