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Page:Louis Delaporte - Voyage d'exploration en Indo-Chine, tome 1.djvu/498

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daient du col où nous nous trouvions pour aller se perdre dans une immense plaine, on avait une échappée large et profonde sur le lac de Yun-nan ; ce lac nous apparut comme une véritable mer, dissimulant partout ses rivages sous les brumes d’un lointain horizon. Le lendemain nous atteignîmes la plaine qui l’entoure et à l’entrée de laquelle s’élevait la ville de Tsin-ning tcheou. Elle nous apparut comme le plus terrifiant exemple de la désolation que les musulmans excellent, d’une extrémité du monde à l’autre, à répandre sur leur passage. Des pans de murs noircis, en guise de maisons, des ombres hâves et déguenillées en guise d’habitants. Les autorités vinrent à notre rencontre dans une pompe qui nous parut plus triste encore que grotesque au milieu de ces ruines, ou plutôt de cette implacable destruction. On nous logea dans une maison à laquelle on avait fait à la hâte un toit en paille. C’était « la seule » qui offrît un tel confort ! Des troupes chinoises occupaient militairement les environs et campaient sous la tente ou dans des gourbis. Quelque échoppes, élevées à la hâte au centre de la ville, avec des planches tirées des ruines, servaient de marché, et l’on retrouvait là, non sans stupéfaction, cette animation particulière aux villes chinoises, cette âpreté au gain que ne lassent ni l’incendie ni le carnage, que n’effrayent ni la famine ni l’épidémie.


EN ROUTE PENDANT L’ÉPIDÉMIE.

Nous nous hâtâmes de quitter ce triste séjour. Une route bien pavée et bien entretenue