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Page:Louis Delaporte - Voyage d'exploration en Indo-Chine, tome 1.djvu/57

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NOTIONS GÉNÉRALES SUR LES MONUMENTS KHMERS.

toits et les tours, il faut indiquer encore parmi les principaux motifs d’ornementation les bas-reliefs qui couvrent, soit les murs des galeries, soit les faces latérales des belvédères. Les fausses portes ou portes fermées qui se trouvent sculptées à la base des tours ou aux extrémités des galeries, les statues que contiennent les sanctuaires, les fenêtres, vraies ou fausses, pratiquées dans les murailles.

Nous aurons à citer de beaux exemples des deux premiers genres d’ornementation. Quant aux statues, celles qui étaient en métal ont entièrement disparu et il ne reste plus que des débris mutilés de celles qui étaient en pierre. Elles s’élevaient ordinairement assises, quelquefois droites, sur un large socle, fait d’un seul bloc, dans lequel elles s’encastraient. Elles représentaient tantôt Brahma, tantôt Bouddha, ou d’autres personnages de la mythologie hindoue, tantôt quelques-uns des grands rois de la légende cambodgienne.

La surface supérieure du socle qui supporte les grandes statues est parfois légèrement évidée et présente une rigole. Cette disposition avait sans doute pour but d’assécher les pieds de la statue après les lavages prescrits par les rites, ou après les pluies, quand la statue était en plein air.

La plupart des statues étaient peintes ou dorées ; il en était de même de certaines sculptures, ou de certaines colonnes placées à l’entrée des sanctuaires. À cet effet, la pierre était recouverte d’un vernis noir résineux, qu’emploient encore aujourd’hui les Cambodgiens sous le nom de mereach et qui est fabriqué avec du stick-lac ; sur cette première couche on appliquait le vermillon, puis la dorure, ou la première couleur seulement. Quand les statues devaient être exposées à l’air, on mélangeait au mereach une pâte de cendres, de manière à donner au vernis une épaisseur de 4 à 5 millimètres. Dans les monuments de la décadence ou dans les restaurations faites à une époque relativement moderne, les pierres dont se composent les statues de grande dimension ne représentent plus que grossièrement la forme générale. Elles sont recouvertes d’une épaisse couche de chaux préparée, à laquelle on donne la forme définitive et sur laquelle on applique ensuite la peinture. Mais, dans les monuments de la grande époque khmer, le ciseau du sculpteur s’attaque directement à la pierre, et il n’est pas rare d’y rencontrer des têtes sculptées d’une belle expression. On peut dire cependant, d’une manière générale, que la représentation de la forme humaine n’est pas à la hauteur du reste de l’ornementation, et c’est en ce point surtout que l’art grec se montre supérieur à l’architecture si originale et si puissante que nous essayons de faire connaître ici.

Les fenêtres destinées à éclairer les galeries ou à couper les façades sont de forme très-légèrement rectangulaire, la plus grande dimension restant verticale. Elles sont ornées en général de sept barreaux de pierre délicatement sculptés et arrondis.

Dispositions générales des édifices. — Les monuments ont à peu près tous la forme de rectangles peu allongés, dont les côtés font face aux quatre points cardinaux. Le grand axe est dirigé de l’est à l’ouest ; la façade principale et l’entrée regardent l’est.

Les axes ne partagent pas le rectangle en deux parties égales ; ils sont transportés paral-