Aller au contenu

Page:Louis Delaporte - Voyage d'exploration en Indo-Chine, tome 1.djvu/600

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

avions su le remplir, l’expédition de Pékin n’eût pas eu lieu et nous aurions aujourd’hui une situation prépondérante dans les conseils du Fils du Ciel. Un diplomate[1] d’une rare énergie et d’une haute intelligence avait su, au Japon, assumer ce rôle de médiateur qui se trouve forcément indiqué par le désintéressement actuel de la France dans les questions commerciales. Nous n’avons pas pu ou plutôt nous n’avons pas voulu le soutenir. Ce sont là des fautes dans lesquelles nous ne devons plus retomber. Il faut redevenir nous-mêmes, ne plus accepter de servir les intérêts étrangers dans l’espoir de compensations chimériques. Dans un pays libre, l’opinion publique exerce une pression irrésistible. Un gouvernement adroit compte sur elle pour dégager sa parole et annuler ses promesses. La politique qui met tout son honneur et toute son habileté à faire prévaloir les intérêts nationaux, est la seule fructueuse, comme elle est la seule sincère.

On ne peut espérer que de telles idées prévalent auprès du gouvernement, avant que le pays tout entier se soit rendu compte de leur importance ; mais on ne saurait songer sans un profond sentiment de tristesse à toutes les fautes que le contrôle de l’opinion aurait empêchées, à tous les efforts que son ignorance a rendus inutiles. Tentons aujourd’hui par tous les moyens possibles de réveiller dans notre pays l’esprit d’initiative : le caractère national se relèvera dans les entreprises lointaines, en utilisant au bénéfice de la patrie des facultés et des énergies qui, en France, abandonnées à elles-mêmes, s’étiolent stériles ou grandissent dangereuses.





  1. M. Léon Roches.