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Page:Louis Delaporte - Voyage d'exploration en Indo-Chine, tome 1.djvu/90

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avant d’y arriver est sans doute une restauration ou une réminiscence de la statue dorée qui existait au moment de la visite de notre voyageur.

Les historiens de la dynastie des Ming mentionnent également dans la capitale du Cambodge une maison de plaisance, appelée l’Île aux Cent Tours, où l’on réunissait des singes, des paons, des éléphants blancs, des rhinocéros, à qui l’on servait à manger dans des auges et des vases d’or. Si c’est le Baion qu’il faut reconnaître ici, ce monument aurait existé encore en parfait état d’entretien dans la première moitié du quinzième siècle.

Nous avons déjà reconnu à Angcor Wat des traces de dorures. Il fallait disposer de richesses vraiment extraordinaires pour recouvrir d’or d’aussi grandes surfaces de pierre, et cela seul justifierait le proverbe rapporté par quelques auteurs chinois : Riche comme le Cambodge ! L’effet du Baion et de ses nombreuses tours, admirablement disposées pour exagérer par leurs différences détaille l’effet de la perspective, devait être prodigieux. Du côté est, les tours centrales s’étagent : toutes les autres se démasquent. Il est possible de se faire une idée de ce monument par l’habile restauration qui en a été faite par M. Delaporte (Voy. le dessin, p. 67).


Baion : inscription trouvée sur le côté droit de la porte nord-est de la tour centrale.

En sortant de Baion et en continuant à suivre le chemin qui va au nord, on laisse à gauche une seconde, puis une troisième statue de Bouddha auprès de laquelle sont deux petites constructions ruinées[1]. Ce qui reste de l’une paraît être la base d’une tour détruite ; dans l’autre, on ne retrouve qu’un pan de mur à fenêtres, appuyé à la petite enceinte qui entoure la statue ; vers l’angle sud-ouest de cette enceinte, on trouve une pierre enfoncée dans le sol, sur laquelle est une inscription en vieux caractères khmers. Ainsi exposée aux intempéries, cette inscription, déjà en partie illisible, aura bientôt disparu.

Si, laissant à droite le chemin que l’on a suivi pour arriver à ce groupe de ruines, on se dirige droit au nord, on franchit bientôt une chaussée en ferres levées, et l’on arrive à une chaussée en pierres, marquée S sur le plan : en face de soi, au nord, on a l’enceinte extérieure de la résidence royale ; à gauche, à l’extrémité est de la chaussée, sont les ruines de trois grandes tours, reliées entre elles par un mur à fenêtres ; à droite, à l’extrémité ouest, s’élève un édifice à terrasses nommé Baphoun, auquel ces tours avaient sans doute

  1. C’est le groupe de ruines marqué C sur le plan. Voy. Atlas, 1re partie, la partie de la planche XXI, intitulée : Enceintes centrales.