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Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/253

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Les principaux chefs s’assemblent dans des lieux écartés, s’excitent mutuellement par le récit de leurs griefs, par le souvenir de la mort d’Accon, promettent de grandes récompenses à ceux qui, au péril de leur vie, commenceront la guerre, mais décident qu’avant tout il faut rendre impossible le retour de César à son armée, projet d’une exécution d’autant plus facile que les légions n’oseraient pas quitter leurs quartiers d’hiver en l’absence de leur général, et que le général lui-même ne pourrait les rejoindre sans une escorte suffisante.

Les Carnutes s’offrent les premiers à prendre les armes ; la nécessité d’agir en secret ne leur permettant pas d’échanger des otages, ils exigent comme garantie un serment d’alliance. Ce serment est prêté par tous sur les enseignes réunies, et l’époque du soulèvement fixée.

Le jour venu, les Carnutes, sous les ordres de deux hommes déterminés, Cotuatus et Conetodunnus, courent à Genabum (Gien), pillent et massacrent les commerçants romains, entre autres le chevalier C. Fusius Cita, chargé par César des approvisionnements. Cette nouvelle parvint à chaque État de la Gaule avec une extrême célérité, suivant la coutume des Gaulois de se communiquer les événements remarquables par des cris transmis de proche en proche à travers les campagnes[1]. Ainsi ce qui s’était passé à Genabum au lever du soleil fut connu des Arvernes avant la fin

  1. Un ancien manuscrit de la haute Auvergne, le manuscrit de Drugeac, nous apprend que cet usage se pratiqua longtemps et qu’il existait au moyen âge. Des tours grossières étaient construites sur les éminences, à 4 ou 500 mètres l’une de l’autre ; on y postait des veilleurs, qui se transmettaient les nouvelles par des monosyllabes sonores. Un certain nombre de ces tours existent encore dans le Cantal. Lorsque le vent s’opposait à ce mode de transmission, on avait recours à des feux.

    Il est évident que des crieurs avaient été postés à l’avance de Genabum à Gergovia, puisqu’il était convenu que les Carnutes donneraient le signal de la guerre. Il y a par les vallées de la Loire et de l’Allier, exactement cent soixante milles (240 kil. environ) de Gien à Gergovia, principal oppidum des Arvernes.