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Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/287

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reurs le lui avaient déjà rapporté, que le dos de la montagne à laquelle appartenait cette colline (croupe des hauteurs de Risolles) était presque plat, se reliait à la ville et y donnait accès par un col étroit et boisé. Ce point inquiétait particulièrement l’ennemi ; car si les Romains, déjà maîtres de la Roche-Blanche, s’emparaient du massif de Risolles, les Gaulois se trouveraient presque entièrement investis, et ne pourraient plus sortir pour aller au fourrage. Voilà pourquoi Vercingetorix s’était décidé à fortifier ces hauteurs et y avait appelé toutes ses troupes[1].

  1. La planche 22 montre les lieux que le regard de César pouvait embrasser du sommet de la Roche-Blanche. Il ne pouvait voir ni les plateaux ni le pays situés sur les versants nord des montagnes de Gergovia et de Risolles. Aussi fallut-il que des transfuges lui fissent connaître la configuration du terrain qui s’étend au delà. Il apprit ainsi que le dos de cette dernière montagne (dorsum ejus jugi) était peu accidenté, et donnait accès à la partie occidentale de la ville (ad alteram partem oppidi) par un passage étroit et boisé (le col des Goules, qui relie Risolles à Gergovia. Voir planche 21 en C). Ce col conduisait à la porte P de l’oppidum. Les fondations en maçonnerie et les abords de cette porte ont été mis à découvert au mois de juillet 1861. On voit distinctement le large chemin qui menait de cette porte au col C. On conçoit les craintes de Vercingetorix ; il redoutait que les Romains n’interdissent aux Gaulois cette sortie de l’oppidum. Ces derniers auraient été ainsi presque bloqués (pæne circumvallati), sans issue et dans l’impossibilité de se procurer les fourrages de la vallée de l’Artières, la partie nord de la ville étant d’un difficile accès. D’après cela, les mots si alterum collem amisissent ne peuvent s’appliquer qu’au massif de Risolles, et non pas, comme plusieurs auteurs l’ont prétendu, à Montrognon ou au Puy Giroux, car la possession de ces deux pitons, détachés et assez éloignés du massif de Gergovia, n’offrait aucun intérêt ni pour l’attaque ni pour la défense.

    Le lieu qu’il importait aux Gaulois de fortifier était la partie DE des hauteurs de Risolles qui font face au village d’Opme, parce que des troupes ne peuvent escalader le massif que par le versant occidental. Comment a-t-on pu supposer que, craignant pour le col des Goules, les Gaulois aient abandonné leur camp devant la place et soient allés se fortifier au Montrognon, à 3 kilomètres de Gergovia ? Comment admettre que César, pour menacer le col, ait envoyé des troupes faire le tour de la montagne de Gergovia en passant par le nord ? Comment la légion qui appuya le mouvement, sans beaucoup s’avancer, et qui se cacha dans les bois, aurait-elle pu concourir au stratagème, si la fausse