Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/194

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malingre et chétif, et n’avait point tardé à renoncer aux plaisirs incertains de ce monde pour rentrer dans celui d’où il venait. Puis, les jours avaient coulé et, dans la maison, la Julie, devenue maîtresse pour de bon, avait pris les rênes du ménage, travaillant dur comme devant et soignant avec zèle son époux dans la certitude que la peine qu’elle prenait alors lui serait largement comptée lorsque le vieux aurait atteint le bout de son rouleau.

Somme toute, dans l’aventure, le père Jourgeot n’avait pas fait, en épousant sa maîtresse, un marché de dupe ; il s’était déchargé de bien des soucis et s’était préparé une vieillesse heureuse et tranquille dont il commençait à savourer les joies.

Depuis que le rejeton était mort, il ne doutait plus le moins du monde qu’il n’en avait été le véritable père et, bien rassuré sur les sentiments de fidélité de sa conjointe, dormait sur les deux oreilles.

D’un coup de pied, il rejeta la couverture et s’apprêta à descendre de sa couche, quand le pas de sa femme, passant de l’écurie à la cuisine, l’immobilisa un instant, assis, les jambes pendantes au-dessus de la peau de blaireau qui leur servait de descente de lit.

Son ouïe, très fine ainsi que la conservent certains vieillards, lui laissa percevoir, à l’instant