Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/198

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Et lui qui le tenait en si haute estime, lui qui avait tant chanté ses louanges !

— Un bon ouvrier ! et c’est si rare à trouver par le temps qui court !

Ah oui ! tout s’expliquait. Bien sûr, le gaillard n’y regardait pas à un coup de main, il ne boudait pas à la besogne et durant toute la saison des foins et le cours des moissons, il l’avait servi comme jamais de sa vie paysan ne l’avait été.

Levé d’aussi bonne heure qu’on lui demandait, travaillant aussi tard qu’on le désirait, pas gourmand sur la nourriture ni délicat quant à la boisson, il avait fourni un travail de cheval, et pour trois francs par jour seulement.

Le salaud ! Il se payait d’un autre côté… sur la bête, comme on dit là-bas, sans compter les repas, les petits gueuletons intimes où lui, le vieux, n’était sûrement pas convié. Son tonneau, en effet, il s’en apercevait à présent, avait filé bien vite et il lui semblait que les saucisses et les morceaux de salé disparaissaient de la cheminée avec une rapidité qui n’était guère jusqu’alors explicable.

Comment n’avait-il pas eu idée de ça, lui, le vieux célibataire roublard, initié de longue date à toutes ces pratiques, car enfin, ces tours-là, il les connaissait bien pour les avoir longuement pratiqués au temps de sa jeunesse, et même plus tard encore.