Page:Louis d Elmont Hallucinations amoureuses 1924.djvu/59

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« Tu n’avais qu’à fermer les yeux, ne rien dire, et le ramener tout doucement à toi.

« Au lieu de cela tu fais du scandale, tu casses les vitres…

« Te voilà bien avancée maintenant… !

— Je vais demander le divorce !…

Mais, à cette phrase, M. Arnaud se leva, indigné.

— Le divorce ! Quand tu as eu l’honneur d’épouser un aussi haut fonctionnaire… Le divorce, malheureuse !… Que fais-tu donc de ma situation… ?

— Il ne s’agit pas de ta situation… Il s’agit de moi.

« Je ne veux plus voir mon mari. Je veux le forcer à me faire une pension. Il le doit…

— Et moi, alors, je vais être obligé de demander à changer de service… pour ne plus être sous les ordres de M. Benoît.

« Non… Non… Je ne veux pas que toute ma vie soit bouleversée pour un caprice de cette gamine.

— Un caprice ?… Par exemple, papa, tu me permettras…

— Oui, un caprice. Quand il y avait des rois, les reines acceptaient qu’il y ait des favorites sans récriminer.

— Oh ! Oh ! Ton directeur n’est pas un roi.

— C’est tout de même un important personnage.

« Et tu devrais être très honorée, puisqu’après tout, c’est toi qui as le meilleur rôle comme épouse légitime.

— Oh ! Gustave !… fit Mme Arnaud.

Cette fois, c’était elle qui était indignée.

Mais son mari continuait :

— Bref, voici ma décision :

« Juliette va retourner auprès de son mari. Elle lui dira qu’elle est convaincue à présent de son innocence et persuadée, comme il le lui a dit, qu’il n’était venu chez cette femme que pour rompre avec-elle.

« En conséquence elle demandera pardon à son mari de la scène ridicule…

— Non… Non… ça, jamais ! dit Juliette.

« Je ne m’abaisserai pas ainsi, quand bien même mon mari serait le ministre ou le président de la République…

« Je suis majeure… Je ferai ce que je voudrai. Et je veux divorcer.

— Alors, tu n’es plus ma fille ! s’écria Gustave Arnaud.

« C’est moi qui ferai demain, des excuses à M. le Directeur.

« Quant à toi, ou tu retourneras avec ton mari, ou tu ne reparaitras plus chez moi !

— Tu me chasses, tu as le cœur de me chasser de chez toi !

— J’autorise ta mère à aller te voir… mais, tant que tu seras séparée de ton mari, tu me compromets…