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emploi des modes

avez trompés. Ili estas konvinkitaj, ke vi trompis ilin. — Je ne puis dire ma honte qu’il m’ait vu en cet état. Mi ne povas diri mian honton, ke li vidis min en tiu stato (qu’il m’a vu). — Il est faux que nous l’ayons rencontré. Estas malvere, ke ni renkontis lin (que nous l’avons). — Elle suppose qu’il est malade. Ŝi supozas, ke li estas malsana. — Il est probable qu’il gagnera son procès. Estas kredeble, ke li gajnos sian proceson. — Je crains au contraire qu’il ne le perde. Mi kontraŭe timas, ke li ĝin perdos (qu’il le perdra)[1]. — Il est tout naturel qu’il sache cela mieux que vous. Estas tute nature, ke li scias tion pli bone, ol vi. (L’indicatif et non un mode de doute en Esperanto, car le fait est certain : il sait cela mieux que vous.)

Remarque. — Après les formes négatives ou interrogatives qui n’enlèvent rien à la réalité du fait énoncé, on emploie toujours l’indicatif en Esperanto.

Exemples. — Je ne crois pas qu’il pleuve (actuellement). Mi ne kredas, ke pluvas (qu’il pleut}. — Croyez-vous qu’il pleuve (plus tard). Ĉu vi kredas, ke pluvos (qu’il pleuvra).

  1. L’emploi du mode indicatif, après un verbe marquant la crainte, étonnera plus d’un Français et tout spécialement ceux que le latin a confirmés dans l’idée qu’après ces verbes il faut le subjonctif avec au moins un bout de négation (ne), si on craint que la chose n’arrive, et une négation complète (ne… pas), si au contraire on craint qu’elle n’arrive pas.
    Un peu de réflexion leur montrera vite que la logique est du côté de l’Esperanto.
    Et d’abord on peut dire que, dans ces sortes de phrases, le verbe craindre est comme l’opposé d’espérer. Mais diriez-vous : « J’espère qu’il ne vienne », au lieu de « j’espère qu’il viendra » ? Eh bien, la crainte est une chose aussi positive que l’espérance. Pourquoi donc nuancer de doute les verbes qui l’expriment par l’emploi du subjonctif après eux ? Est-ce à cause de la chose redoutée ? Mais cette chose est elle-même positive, et vous l’affirmez ; la preuve, c’est que, sous une autre forme, vous diriez : Je crains sa venue. Alors que font donc dans la phrase : « Je crains qu’il ne vienne », le subjonctif et la négation ?
    Ici encore, en dépit de la grammaire, la logique reprend chez beaucoup de gens une partie de ses droits. N’entendons-nous pas dire à chaque instant : Je crains qu’il vienne ?