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urne funéraire sans destination assurée, et de l’autre d’une cheminée à modillon agréablement sculptée, destinées l’une et l’autre à servir d’enseigne au marbrier, se tenait la femme de celui-ci, Mme Bernard, ou plutôt, comme on disait alors, demoiselle Marie Berthet, épouse Bernard. Elle berçait dans ses bras, en lui chantant une chanson pour l’apaiser, un gros nourrisson de six mois qui se démenait comme un petit diable et accompagnait en faux-bourdon, par ses cris, le chant de sa mère.

— Eh bien, quoi ! nous ne sommes pas gentil aujourd’hui, Pierrot ? dit la Franquetta en essayant de mettre sur les joues rebondies du marmot un baiser que celui-ci esquiva, mais qui n’en retentit pas moins très-sonore dans le vide.

— Que voulez-vous ? Il met ses premières dents et, fort comme il l’est, cela l’éprouve. Voilà trois nuits blanches qu’il nous fait passer, le petit mauvais ! à mon homme et à moi.

— Ça ne sera rien ! ça ne sera rien ! se hâta d’opiner Jappeta, qui eût été désolée de ne pouvoir placer un mot. Et la cousine ? Savez-vous comment ça se passe ?

— Oh ! très-bien ! Toute la maison est dans l’allégresse. Pensez donc ! Dorothée n’avait eu que des filles jusqu’à présent. Aussi, elle mange des yeux son nouveau-né. Il y a déjà la-haut réunion nombreuse. Oh ! vous pouvez monter ; vous verrez une famille bien en joie, ce qui n’est pas commun à présent. On parle d’un banquet donné à l’occasion du baptême et qui réunira toutes les connaissances et toute la parenté. Vous en serez, je suppose. Joseph croit qu’il sera invité, et moi aussi. À tout à l’heure, Franquetta ! Bonjour, Jappeta !