Page:Lourié - La Philosophie de Tolstoï.djvu/109

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judaïsme dont la source, malgré les torrents qui la traversent depuis des siècles, demeure dans son éternelle pureté. Toute la doctrine religieuse de Tolstoï aboutit à cette conclusion que l’homme ne peut être heureux et vivre conformément à sa nature que s’il ne vit pas pour lui seul, de sa vie personnelle, mais de la vie de l’humanité entière.

C’est là le principe même de la loi mosaïque qui oppose à la vie personnelle, non pas la vie d’outre-tombe, comme le fait le christianisme, mais la vie commune qui se fond avec la vie présente, passée et future de l’humanité.

Le judaïsme embrasse d’une manière complète et absolue l’humanité tout entière ; il n’exclut personne de l’alliance avec le Dieu unique, c’est-à-dire de la communion des hommes dans le bien.

« Le judaïsme, dit Renan, réussit à obtenir des prodiges de dévouement sans jamais faire appel à des espérances dont l’objet fût placé au-delà de la vie. Il faut que nous fassions de même, il faut que nous donnions aux hommes un motif de vivre et de bien vivre, sans rien alléguer de ce qu’ils pourraient traiter de leurre et de promesse déloyale[1]. »

La maxime de Jésus : « Aimez-vous les uns les autres », est celle du judaïsme.

L’un des plus parfaits préceptes du judaïsme, c’est d’aimer l’étranger. « Ne lui laissons point sentir qu’il est sur une terre étrangère ; souffrons qu’il vive parmi nous comme un ami et qu’il ait part à notre joie et à nos plaisirs ! Aidons-le quand il est dans le

  1. Histoire d’Israël, t. III, p. 252.