Page:Lourié - La Philosophie de Tolstoï.djvu/127

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tent de leur tâche à contre-cœur, puisqu’on peut réunir sans eux les sommes nécessaires ? À quoi bon les capitaux concentrés entre les mains de quelques-uns, puisqu’ils ne peuvent être utiles qu’en devenant la propriété de tous ? Et une fois ces questions posées, les hommes ne peuvent pas ne pas arriver à la résolution de cesser d’entretenir toutes ces institutions devenues inutiles. Il n’est pas un homme aujourd’hui qui ne voit combien il est inutile de prélever des impôts sur le peuple travailleur pour enrichir des fonctionnaires oisifs ; combien il est stupide d’infliger une punition à des hommes corrompus et faibles et de les déporter d’un lieu dans un autre ou de les emprisonner, puisque, étant assurés d’existence et restant inoccupés ils ne font que se corrompre et s’affaiblir davantage ; combien il est cruel et insensé de ruiner le peuple par des armements militaires et de le décimer par des guerres qui ne peuvent avoir aucune explication, aucune justification.

Et cependant ces violences continuent et elles sont encouragées par ceux mêmes qui voient leur inutilité, leur stupidité, leur cruauté, et qui en souffrent.

Les gouvernements affirment que les armées sont nécessaires partout pour la défense extérieure. C’est faux. Elles sont nécessaires surtout contre les citoyens eux-mêmes, et chaque soldat participe malgré lui aux violences de l’état sur les citoyens.

Les savants se réunissent en sociétés, en congrès ; ils prononcent des discours, banquettent, portent des toasts, publient des revues, et démontrent ainsi par tous les moyens que les peuples forcés à entretenir des millions d’hommes sous les armes sont à bout