Page:Lourié - La Philosophie de Tolstoï.djvu/151

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des enfants pour une instruction qu’ils recherchent la maison, — l’école est nuisible, physiquement, pour le corps, si intimement uni à l’âme dans le premier âge. Il ne faut pas envisager l’école comme une compagnie disciplinée de soldats, que commande aujourd’hui un lieutenant, demain, un autre. Pour l’instituteur familiarisé avec la liberté de l’école chaque élève a son individualité propre. Il y a dans l’école quelque chose d’indéfini, qui échappe presque entièrement à l’action du maître, quelque chose d^absolument inconnu à la science pédagogique et qui constitue néanmoins le fond même du succès de renseignement : c’est l’esprit de l’école. Cet esprit est soumis à des lois certaines et à l’influence négative du maître, c’est-à-dire que le maître doit s’abstenir de certaines choses pour ne pas détruire cet esprit.

Que dans le monde qu’on appelle pratique, dans le monde des Palmerstons et des Gaïens, dans le monde qui tient pour raisonnable, non ce qui est raisonnable, mais ce qui est pratique, que là les gens, punis eux-mêmes, s’arrogent le droit et le devoir de punir. Les enfants, êtres simples, francs, doivent rester purs de mensonge, de cette criminelle croyance en la légitimité du châtiment, d’où il suivrait que la vengeance est juste, dès que nous l’appelons punition.

Point de leçon : ce que l’élève a fait hier, il n’est pas obligé de s’en préoccuper aujourd’hui. Qu’il ne se torture pas l’esprit pour la leçon qui va venir, qu’il n’apporte que lui-même, sa nature impressionnable, et la certitude que l’école doit lui être aujourd’hui