Page:Lourié - La Philosophie de Tolstoï.djvu/17

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ses Souvenirs sous le nom de Monsieur Jérom, qui le prépara à l’Université. On y entrait à cette époque à l’âge de quinze à seize ans.

D’après Mme Jouschkova, tante de Tolstoï, ce dernier fut, dans son enfance et dans son adolescence, d’une humeur folâtre ; il se signalait souvent par l’étrangeté de sa conduite et par la vivacité de son caractère, mais toujours par la bonté du cœur. Ainsi, un jour, il avait à peine huit ans, il se prit d’un désir irrésistible de voler en l’air. Cette idée le hanta jusqu’au moment où il se décida à la mettre en pratique. Il s’enferma dans la chambre d’études, gagna la fenêtre et fit un mouvement pour voler en l’air. Il tomba d’une hauteur de deux sajènes[1] et demie et fut malade pendant un certain temps.

Une autre fois, pendant un voyage en poste, — Léon Nikolaievitch avait dix ans, — il disparut un moment à une petite station : il est allé, sans consulter personne, se faire tailler les cheveux très ras ; fantaisie absolument inattendue. À onze ans il fît des vers pour la fête de l’une de ses parentes. Lorsqu’il avait douze ans, à une matinée dansante, une ravissante fillette de son âge, « en robe de mousseline courte, toute frisée, » troubla le jeune comte. Elle s’appelait Sonia. Quand on lui disait : « Quelle charmante enfant ! » Sonia souriait, rougissait et devenait si jolie que le jeune Léon rougissait aussi en la regardant. Mais il éprouvait une grande irritation à la pensée que tout le monde allait voir Sonia et en être vu. Quand, après la danse, Sonia lui dit : « Merci », cela le remplit d’en-

  1. Sajène = 2m,134.