Page:Loviot - Les pirates chinois, 1860.djvu/110

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tenait dans leur cage mes oiseaux mignons. Ces frêles petites créatures allaient peut-être, si elles n’offraient pas assez d’appât à la cupidité de ces monstres, mourir de faim, leur sort était aussi misérable que le nôtre. Nous devions la vie au généreux mensonge du marchand chinois. Mais les pirates pouvaient changer de résolution, et nous eussent-ils promis cent fois la vie sauve, nous ne pouvions pas nous appuyer sur leur perfide parole. Notre malheur, au contraire, semblait sans limites ; il était parfaitement à notre connaissance que les mers de la Chine regorgent de cette écume des nations. Ceux-ci nous faisaient grâce ; de nouveaux venus pouvaient nous disputer aux premiers et compromettre par ce motif même notre vie, dans une lutte horrible.

Je fus tirée de cette rêverie douloureuse par le retour du capitaine. Le chef des pirates venait de lui ordonner de faire lever l’ancre et de diriger le navire vers une baie voisine. Nos matelots furent, en conséquence, délivrés pour être employés aux manœuvres ; avant d’en arriver là, on leur fit comprendre qu’au moindre signe de révolte de leur part, on nous égorgerait tous sans pitié : ces menaces étaient ré-