Page:Loviot - Les pirates chinois, 1860.djvu/163

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

noise) a un autel dressé, sur lequel brûle une quantité de petites bougies et où se trouvent déposées, en guise d’offrande, des portions de vivres. La prière a lieu chaque soir à la même heure ; elle commence par une musique qu’on exécute au bruit des cymbales et des tams-tams, ce qui fait un vacarme effroyable.

Je vis un jeune Chinois apporter deux épées qu’il fixa par la pointe sur le milieu du pont ; il déposa auprès un plateau garni de soucoupes, un vase plein de liquide et plusieurs feuilles de papier couleur jaunâtre ; ces dernières étaient destinées à être brûlées.

Le jeune coquin, après avoir rangé toutes ces choses, suspendit à l’un des mâts une lanterne allumée ; le chef des pirates apparut bientôt ; il se prosterna, avec le sérieux dû à la circonstance, devant cet autel improvisé. Je suivais malgré moi cette comédie bizarre, je regardais avec des yeux plus grands que l’étonnement ce prêtre bandit ; il baisait à chaque instants le plancher de la jonque, ou bien élevait des petites bougies en l’air. Au bout d’un instant, il saisit entre le pouce et l’index un vase plein de liquide et l’avala, le liquide, pas le vase ; il frappa ensuite des