Page:Loviot - Les pirates chinois, 1860.djvu/180

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solation de rêver à la France, à la liberté. Du moins, me disais-je, si je ne dois pas être délivrée, ce livre servira peut-être, après ma mort, à punir nos assassins. Je ne m’en tins pas là ; à l’aide d’un mauvais clou je gravai le plus lisiblement qu’il me fut possible, dans le cadre de bois intérieur qui recevait le panneau, mes deux noms et celui du Caldera. Chaque lettre avait au moins un pouce. L’inscription, où elle était écrite, devait sauter facilement à la vue.

J’éprouvais dans cette occupation une vague inquiétude, car les pirates allaient et venaient sur le pont et jetaient souvent des regards de mon côté mais ils ne se doutaient pas que ce que j’écrivais pouvait suffire à les faire pendre tous, si cela tombait sous des regards ennemis. Après ce travail, je me reposai. Tout un monde de pensées s’agitait dans ma tête ; je rêvais à la possibilité de voir se réaliser ce que mon esprit venait de me suggérer ; et, pour la première fois, machinalement, je me mis à approprier mes ongles, qui étaient longs et noirs, avec un petit fétu de bois que je déchirai le long d’une planche jusqu’alors je m’étais refusé ce soin superflu dans mon état de détresse et d’abandon. Où donc