Page:Loviot - Les pirates chinois, 1860.djvu/185

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Peu après, la cérémonie de la prière commença à bord. Confiants dans les bonnes dispositions qui nous avaient été manifestées, nous remontâmes mon compagnon et moi, sur le pont. La brise était douce et molle, le ciel d’une pureté splendide, reflétait ce qui constitue en mer l’occupation du penseur, les étoiles. Je regardais d’un œil humide. Sous cette voûte azurée je cherchais à découvrir l’ombre de la mienne, ou à défaut le moindre signe favorable, le plus petit espoir. N’étais-je pas abandonnée de la terre entière ? Livrée à ces tristes pensées je reportais les yeux autour de moi, c’est-à-dire que je rentrais dans la réalité, et je remarquai que, contrairement aux jours précédents, on avait mis toutes les voiles dehors, au lieu de jeter l’ancre à la tombée de la nuit, comme on avait fait jusqu’alors. Vers dix heures j’allai m’étendre sur mes planches et je pensai néanmoins à tout ce que nous avions eu d’heureux dans ce jour qui venait de s’écouler, puis je tâchai de fermer les yeux ; mais plusieurs fois je m’éveillai, et je prêtai l’oreille au moindre bruit. Le vent s’était élevé ; et j’entendais au sillage de l’eau, le long de la coque du navire, que nous filions rapidement.