Page:Loviot - Les pirates chinois, 1860.djvu/188

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étaient poursuivis, est-ce qu’ils perdraient leur temps à rester à l’ancre ? » pour toute réponse, il colla son visage à la petite lucarne près du gouvernail, et je l’entendis qui répétait « Oui, oui, c’est un steamer ; regardez plutôt. » Cette fois, le cœur commença à me battre avec violence je m’approchai, à mon tour, de la lucarne, et je distinguai, en effet, un navire qui pouvait se trouver à environ deux milles au large. Je me sers du mot navire, parce que je ne lui voyais laisser aucune trace de fumée derrière lui. Ma joie se calma même aussitôt, et le doute me revint à l’esprit. Je me dis, alors, que c’était tout simplement un navire voguant vers Hong-Kong, Canton ou Macao. « Qui pense à venir nous secourir ? me disais-je. Qui pourra nous découvrir à bord de cette jonque, ressemblant à tant d’autres qui sillonnent ces parages ? » Cependant, quelques efforts que je fisse pour contraindre mon agitation, je ne pouvais détacher mes yeux de la lucarne.

À ce moment, Than-Sing dit encore entre ses lèvres « Ils s’en vont ! ils s’en vont ! » Mais j’étais d’une incrédulité désespérante. Il est difficile de revenir à la vie lorsqu’on a été si longtemps à l’agonie.