Page:Loviot - Les pirates chinois, 1860.djvu/40

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

éveillée de bonne heure, je m’approchai de celle de mes fenêtres qui donnait sur la rue, et j’allais l’ouvrir lorsque mes yeux s’arrêtèrent avec effroi sur la maison qui me faisait face : deux hommes étaient montés sur des échelles et s’occupaient à la hâte de fixer à la poulie dont j’ai parlé une corde neuve et démesurément longue. Je ne devinai que trop la scène terrible qui allait se passer. À ce moment, des rumeurs lointaines commençaient à se faire entendre. Ne voulant pas être spectatrice de cette exécution, j’entraînai ma sœur, et nous sortîmes de la maison par une porte de derrière ; un quart d’heure après nous étions dans la campagne : nous passâmes la journée chez des amis. Je sus bientôt que le coupable que la foule entraînait à grands cris était un Espagnol accusé d’assassinat. Ce tableau funèbre me fit une impression si horrible que ce jour même je m’occupai d’un autre logement. Cette terrible loi de Lynch, dont j’étais peu soucieuse de voir les fréquentes rigueurs, doit son nom à un individu nommé Lynch, qui en fut la première victime. On concevra facilement quelles fatales et nombreuses erreurs doit entraîner cet exercice illégal de la justice.