Page:Loviot - Les pirates chinois, 1860.djvu/51

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tenta de se rouler au milieu du chemin sans même daigner prendre garde à moi et à ma monture, qui trahissait pourtant notre présence par le bruit de ses clochettes. J’arrivais heureusement à un coude que faisait la route et qui permettait d’apercevoir mes compagnons ; leur vue me réveilla en me rendant quelque courage, et, sans plus me fier à l’apparente générosité de l’hôte des montagnes, j’enfonçai mes éperons dans les flancs de ma mule, et j’eus bientôt rejoint mes amis, auxquels je fis le récit de cette courte mais poignante impression de voyage. Et maintenant que j’écris ces lignes, je suis portée à croire que ce cruel animal avait dû faire un copieux déjeuner, puisqu’il laissait échapper la belle occasion de me dévorer. Quelques personnes verront sans doute dans sa manière d’agir à mon égard le fait d’un animal repu de sang, mais la reconnaissance me fait un devoir de ne pas passer sous silence sa généreuse conduite.

Avant d’arriver à Weaverville, où nous avions le dessein de faire une halte, on rencontre la rivière de la Trinité, sur les bords de laquelle s’étaient engagés de terribles combats lorsqu’il fallut repousser les In-