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LE MIROIR DES JOURS


Le poète regarde en lui-même, et s’étonne.
Son âme, où presque rien d’autrefois n’est resté, ―
Qu’une ombre de la nuit, du jour, qu’une clarté, ―
Garde, précis, un beau crépuscule d’automne.

Un crépuscule avec des nuages rosés,
Un ciel rouge semant des braises dans la rue,
Une heure de beauté claire réapparue,
Et puis, un goût soudain revenu de baisers !…

Amour ! c’est donc par toi que tout cela subsiste !
Ton rêve n’était pas dans le fond de mon cœur
Lorsque le clair de lune épanchait sa lueur :
Comme sans toi tout s’enfonce dans l’oubli triste !

Pour avoir vu l’automne avec des yeux émus,
Sous les reflets mourants du ciel crépusculaire,
Cette heure s’est gravée, éternellement claire,
Lumière rayonnant sur les jours disparus…