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LE MIROIR DES JOURS

En tes bras, que j’ai fuis par crainte d’y mourir,
Prends-moi ! Berce mon cœur faible de trop souffrir…
Endors-moi, si tu veux, pourvu que dans mon rêve
J’entende murmurer l’arbre au vent qui s’élève,
Et que je voie, au fond de l’horizon pourpré,
Descendre avec lenteur le grand soleil doré !
J’accepte ton sommeil, fût-il fatal à l’âme,
Je le désire, Automne, et même le réclame !
Et j’ai honte aujourd’hui des mots présomptueux
Que proféra mon cœur subjugué, mais peureux.
Je ne repousse plus, je subis et j’appelle
Ton influence étrange, ô Saison la plus belle,
Ô ciel baigné de brume où transparaît l’azur,
Ô terre dépouillée où tombe le fruit mûr !
Sur la ville bruyante et de laideur punie,
Tu fais régner, Automne, une paix infinie,
Et ton soleil couchant rayonnant sur les toits
Rend toute chose pure et douce comme toi.
Je t’aime, car tu mets ton cœur sur ma pensée,
Comme une lune d’or sur une onde apaisée…