Page:Lucien - Œuvres complètes, trad. Talbot, tome I, 1866.djvu/435

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Livre II

1. Depuis ce moment, la vie que nous menions dans la baleine me devint insupportable ; ce séjour m’était odieux, et je cherchai quelque moyen d’en sortir. D’abord, nous pensâmes qu’il suffirait, pour nous échapper, de pratiquer un trou dans le côté droit, et nous commençâmes à creuser ; mais, après avoir poussé inutilement la fouille jusqu’à la profondeur de cinq stades, nous y renonçons, et nous nous décidons à mettre le feu à la forêt : c’était un moyen sûr de faire mourir la baleine ; et dans ce cas, il nous était facile de nous échapper. Nous commençons donc par mettre le feu aux parties voisines de la queue. Pendant sept jours et sept nuits, la baleine parut insensible à cette chaleur mais le huitième et le neuvième, nous nous apercevons qu’elle est malade : elle ouvrait la gueule avec moins de facilité, et, quand elle l’ouvrait, elle la refermait sur-le-champ. Le dixième jour et le onzième jour, elle se mourait ; déjà même elle sentait mauvais. Le douzième jour, nous nous apercevons, déjà même un peu tard, que, si on ne lui met pas promptement un bâillon pour l’empêcher de clore sa gueule tout à fait, nous courons risque de périr enfermés dans le cadavre. Nous étayons donc ses mâchoires avec d’énormes poutres, puis nous préparons notre navire, sur lequel nous chargeons une ample provision d’eau avec tous les objets nécessaires : Scintharus en devait être le pilote. Le lendemain la baleine mourut.

2. Nous tirons alors notre vaisseau, nous le faisons passer à travers les dents du monstre, et après l’y avoir suspendu, nous le faisons glisser doucement jusque sur la mer. Quant à nous, montés sur le dos de la baleine, nous offrons un sacrifice à Neptune, auprès du trophée, et nous demeurons là trois