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LE MAL DES ARDENTS

longue et assez discourtoise réponse écrite par Blinkine et Muiot, et qu’avait signée, avec assez de répugnance, Bordes lui-même. L’Œil ne s’en formalisa pas :

« Je me suis placé, écrivait-il au Conseiller, au point de vue général. Si Bordes est tellement sensible, comme je ne tiens pas à le peiner je prendrai ailleurs mes exemples. Nous en trouverons aisément. Je me contenterai de triompher modestement quand la société Bordes sera dissoute, liquidée ou reconstituée sur de nouvelles bases, ce qui est fatal. Qu’on se rappelle les Rangaja, les Tabacs de Corinthe, les Forges du Maine etc… Il eût été amusant et instructif de suivre sur la Bordes et Cie les méfaits de son vice congénital. Mais ces messieurs sont d’épiderme trop délicat. Je le ferai silencieusement et pour mon seul plaisir, en philosophe ; je construis ma courbe et je m’amuse. On m’excusera d’avoir involontairement provoqué tant de bruit ».

Ce ton de sérénité et de certitude, ce détachement si tranquillement affiché, cette intervention du hasard qui avait fait prendre pour exemple la société Bordes d’une manière si évidemment fortuite tout comme elle aurait pu indiquer telle ou telle autre société, ne firent qu’impressionner davantage les lecteurs. De nombreuses lettres parvinrent au journal qui demandèrent à L’Œil de ne pas s’émouvoir et de poursuivre ses démonstrations.

Il se fit un peu prier puis, se fondant sur des documents que tout actionnaire pouvait réclamer et qui, disait-il, avaient été mis à sa disposition par un actionnaire, il