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LE FINANCIER RABEVEL

Quand le maître d’armes fut sorti, il expliqua le but de sa visite :

— Les articles de votre collaborateur anonyme affolent le marché ; bien que le volume des titres en circulation ne dépasse pas cent cinquante, cela suffit pour provoquer par une telle baisse une impression susceptible de nous causer beaucoup de tort. Avez-vous songé que vous pouvez nous créer de gros ennuis ? Nos clients et nos fournisseurs habituels se tiennent sur la réserve… » (Il se disait qu’il pouvait sans imprudence avouer de telles choses, les gens du Conseiller les devinant sans peine).

— Je n’ai pourtant pas affaire avec vous à des gens malhonnêtes, poursuivit-il ; votre journal semble fort impartial pour tout ce qui ne nous concerne pas. J’en déduis que vous vous laissez égarer par votre correspondant et je demande à votre droiture de cesser une campagne qui nous est si préjudiciable.

— C’est une campagne de salubrité publique, vous n’êtes pris qu’à titre d’exemple, répondit l’athlète qui bouchonnait avec vigueur son thorax poilu. D’ailleurs, elle intéresse nos lecteurs.

— Nous y voici », pensa Blinkine, qui reprit tout haut : « Je comprends fort bien que vous envisagiez ce côté de la question et je me rends compte que vous avez dû à cette originale Tribune Libre et à cet Œil providentiel l’essentiel de votre succès ; je comprends aussi que vous n’y vouliez pas renoncer aisément en ce qui nous concerne,