Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome II (1923, NRF).djvu/197

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
197
LE FINANCIER RABEVEL

— Je vous comprends. Huit mille francs le moulin, dix mille les terrains, deux mille le château d’eau, quinze mille l’installation, total trente-cinq mille ; par le petit bout, par le petit bout. Combien pouvez-vous sortir de votre poche ?

— Heu rien pour le moment à vrai dire ; l’argent que j’ai, je dois d’abord l’employer à rembourser mon gendre…

— Rien ! c’est peu, c’est peu… On ne peut rien faire avec rien ; il vous faut laisser tomber cela, c’est dommage. Voyez : le bénéfice sur le terrain : dix mille ; les contrats d’électricité et d’eau vous donneraient au moins huit mille par an. En trois ans, mettons quatre à cause de l’imprévu, vous étiez remboursé. Vous aviez gagné trente-cinq mille francs et une petite rente de cinq ou six mille nets de tous frais, qui tombaient là sans fatigue, raide et sûr.

— Oui, on dit ici comme vache qui pisse.

— Tiens, c’est joli cette expression, dit Bernard en se tournant vers Angèle ; il faudra la servir au Père Régard. » Il se remit à rire de cette plaisanterie de mauvais goût ; il dissimulait sous cet artifice la joie profonde qui l’animait : « Je le tiendrai quand je voudrai maintenant, ce bon Mauléon ; et Angèle avec lui ».

Elle l’avait deviné ; elle lui jeta un regard troublé où l’amour indompté le disputait à la crainte. Il se redit avec satisfaction : « Et Angèle avec lui ». Et il se sentit tout guilleret.

Ils redescendirent sur la place. «  Allons jusqu’au four, si vous voulez bien », proposa Mauléon. Mandine se déme-