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LE FINANCIER RABEVEL

tout naturellement porter plainte en vol et recel contre le président du Conseil Général représentant cette assemblée et contre le Préfet qui en est le tuteur, tous deux tenus comme conjointement et solidairement responsables. Je sais bien que votre honorabilité ne sera point discutée. Mais évidemment on discutera votre compétence ou tout au moins votre application. C’est pourquoi avant d’annoncer ma découverte à âme qui vive j’ai tenu à m’en entretenir avec vous.

Le gugusse serra les mains à Bernard de toutes ses forces et dit mélodramatiquement :

— Soyez-en béni, Monsieur. Mais à présent il s’agit d’aviser avant que l’opposition ait vent de l’affaire. Et d’abord, Monsieur, seriez-vous prêt à nous garder le silence total ?

— Cela m’est Lien difficile. Je suis obligé évidemment de tout dire au Directeur de la Cie d’Assurances, de retirer ma plainte ; il faudrait avant tout que je fusse remboursé immédiatement. D’autre part, je ne vous cacherai pas que la conduite du Département à mon égard n’a pas été sans m’aigrir profondément contre ses représentants. Par amour du lucre vous avez consenti à des conditions d’usure une opération dont le but évident était de me ruiner et de ruiner avec moi le Syndicat des Propriétaires d’asphaltières et les ouvriers asphaltiers ainsi réduits au chômage ; intérêt mal compris de vos administrés et exploitation usuraire de gens qui sont eux-mêmes des maîtres chanteurs, voilà le vrai résultat de cette combinaison.