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LE MAL DES ARDENTS

— Mais les choses que tu aimes et qui sont pour toi les parfums préférés…

Il la regardait, admiratif et bienheureux ; il lui semblait que ces propos n’étaient point chimériques.

— Tu verrais comme nous serions heureux continuait-elle. Nous grimperions dans les combes de cette colline qui est là sur l’autre rive. Nous irions dénicher les corneilles, nous boirions aux sources, nous cueillerions les mûres sur les ronciers…

En face d’eux, soudain, apparaissait un vieux village délabré, juché sur un rocher, groupé autour de son église et des ruines d’un château. C’était Saint-Circq-la-Popie. Des vignes en descendaient vers la rivière. Des coudriers, des cerisiers déjà fleuris, des amandiers. L’eau les reflète et les grandit. Ils sont irréels comme un mirage ; le réel en ce lieu à l’air d’un mythe.

Tous deux eurent ensemble le sentiment qu’ils y goûteraient le bonheur.

— Voilà, dit doucement Angèle, le miracle que j’attendais… Ne crois-tu pas ? Descendons là.

— Saint-Circq ! se dit Bernard comme sortant d’un rêve, Saint-Circq, le pays où vit ma marguillière. Descendons là.

Elle battit des mains comme une enfant joyeuse quand ils se trouvèrent seuls dans cette petite station perdue.

— Je suis sûre, s’écria-t-elle, que nous allons être si heureux| !