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LA JEUNESSE DE RABEVEL

et laissa finalement l’employé dans l’enthousiasme, la jubilation et le désir de se perfectionner.

Il alla ensuite déjeuner avec Me Fougnasse à la cantine et se montra d’une humeur charmante. L’après-midi, il reçut de nouveau l’ingénieur et le contremaître ; il discuta longuement avec eux et les étonna par la rapidité de son adaptation ; quand ils eurent fini, le plan d’exploitation, net, clair et fécond était arrêté. Pagès manifesta quelques inquiétudes sur l’exécution.

— Je me permets de vous prévenir encore, Monsieur, dit-il, que les paysans vont venir avec l’huissier.

— J’en fais mon affaire, répondit Bernard. Pour commencer, vous allez utiliser les diverses clôtures que je vois dans les îlots non exploités et en faire une enceinte tout autour du terrain concédé. Avec les vieilles planches, les baraquements pourris, vous me fermerez ensuite tout cela à hauteur d’homme. Dès que ce travail sera terminé, redémontage de la cantine et retransport ici, puis remontage. Dès à présent, envoyez-moi la cantinière.

Celle-ci était une campagnarde entre deux âges qui suffisait avec trois femmes aux six cents repas journaliers. Elle aviva toute tremblante.

— Madame Loumegous, dit Bernard, une très grave accusation pèse sur vous. Il faut dire la vérité ou gare les gendarmes. De quoi trafiquez-vous ?

— Mais, de rien, Monsieur.

— Allez, allez, pas de rouspétance. L’aveu ou la prison.