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LE MAL DES ARDENTS

— Dites-moi, cette station de chemin de fer que nous apercevons là-bas à nos pieds, c’est bien Mérugnet ?

— Oui, Monsieur.

— Est-ce qu’on ne pourrait pas faire un plan incliné à voie de cinquante ou de soixante pour descendre nos marchandises ?

— Ah ! monsieur, dit Pagès, j’y ai pensé plus d’une fois. Le charroi mange le plus clair de nos bénéfices. Malheureusement, il y a trois obstacles : le prix d’établissement, la longueur de ce travail, et la méchanceté ou l’avarice des propriétaires des terrains à emprunter. Si seulement nous avions eu la chance des Daumail !

— Qui est-ce, les Daumail ?

— Tenez, monsieur, voyez, à deux cents mètres de nous, à mi-hauteur du plateau et à notre droite, ces carrières de basalte. Elles sont aux Daumail. Eux avaient la chance de posséder le flanc de coteau situé entre la gare et la carrière ; et ils ont pu établir une petite voie. Voyez, on la distingue, bien que la végétation la recouvre par endroits.

— On ne travaille donc plus à ces carrières ?

— Non il y a procès, séquestre, tout le tremblement ; ils n’ont pas pu tenir le coup.

— Ainsi, dit Bernard qui suivait son idée, avec deux cents mètres de voie et un petit terrassement, nous pourrions joindre leur plan incliné ? Faites moi vite un petit projet et un avant-prix de revient.

Le soir même il arrêtait définitivement ses décisions ;