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LA JEUNESSE DE RABEVEL

leurs enfants et ne se trompa pas en les priant « d’emmener la prochaine fois le petit Zanou » « ou la petite Marissotte qui doit être si éveillée, pour faire connaissance… » Tous ces finauds le trouvèrent « ben malin et ben honnête, pour sûr » et s’en retournèrent enchantés. Bernard, rêveur, rentra dans son bureau.

— « Vingt et un ans depuis un mois, se dit-il à mi-voix en jetant un regard sur les éphémérides, vingt et un ans ! »

Il prit dans sa main les marchés et les conventions :

« Tout cela à mon nom, bien entendu ; ça représente bien cent mille francs ; il va falloir s’aligner avec les patrons. » Il sourit avec tranquillité. La vie était belle.

Le lendemain, il eut avec les Daumail et leur séquestre une entrevue orageuse. Les Daumail n’accepteraient pas qu’une servitude fût créée. Le séquestre prétendait que sa mission ne l’autorisait pas à consentir l’usage de la chose conservée.

— C’est bien simple, dit Bernard ; si vous acceptez, je fais avec vous un contrat à redevance pour une durée déterminée : donc, l’argument de la servitude ne tient pas ; je prends l’entretien de la voie à ma charge dans la proportion ou j’emploie cette voie : donc je conserve mieux que vous, séquestre, et même je fais rapporter de l’argent à votre chose séquestrée. Et maintenant, si vous n’acceptez pas, je passe outre : j’ai des marchés importants pour le Ministère de la Guerre et fort pressés ; je demanderai une réquisition.