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LE MAL DES ARDENTS

Il exposa ses idées à Bernard qui paraissait l’écouter mais ne songeait qu’à autre chose et, soudain tirant sa montre, dit : « Une heure ! tu me raconteras tes boniments une autre fois, mon petit. Prends ta canne, ton chapeau et ton pardessus. Pas besoin de parapluie, il fait sec et j’ai une voiture en bas. Et filons. » Blinkine se hâta. Rəbevel prit les devants ; il entendit derrière lui un chuchotement et un bruit de baisers.

— Tiens, dit-il, quand ils furent seuls dans l’escalier, tu embrasses ta collaboratrice ? Lui as-tu promis de l’épouser à celle-là aussi ?

— Certainement ; c’est le seul moyen d’avoir un bon service ; mais je vais la laisser bientôt là. Elle n’était pas mauvaise pour l’Encyclopédie, mais elle n’entend rien à l’histoire ; elle ne fait plus l’affaire.

— Ah ! Sardanapale !

— Mais non, mais non, dis plutôt : Salomon ! Où allons nous ?

— Nous allons, rue Saint Paul, chez qui tu devines. Voilà ; tu viens faire une visite à Angèle et tu restes avec elle jusqu’à ce qu’elle reçoive un télégramme. Ta mission est de l’empêcher de sortir, tu comprends ? Pourquoi ? C’est simple : Tu sais que je m’occupe de la maison Bordes avec ton père. La Scintillante, le bateau de Régis, a été sérieusement endommagé en vue des côtes du Maroc et a dû rallier Bordeaux au plus vite. Un vapeur anglais qui l’a rencontrée nous en a avisés de Lisbonne. Ton père sait