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LE MAL DES ARDENTS

paraissaient plus bien gênantes, ni la confession, ni la communion. Évidemment cela n’était pas drôle, mais enfin ? Il répondit donc qu’il avait été fou, qu’il ne savait même pas encore lui-même comment ça s’était fait, que, la meilleure preuve c’est qu’on n’avait jamais eu rien à lui reprocher depuis l’histoire des petits chats où il n’avait pas non plus compris comment il avait pu faire ça. Ce fut si bien dit que les auditeurs en demeurèrent ébranlés. Seul le frère Valier, qui avait été si bien trompé par la feinte douceur de Bernard, garda quelque scepticisme : il voulait prendre sa revanche. Aussi ne se retint-il pas de marquer sa joie lorsqu’en fin de compte toutes les dispositions eurent été prises pour que Bernard entrât aux Frères de la rue des Francs-Bourgeois, la semaine suivante.

Les quelques jours qui le séparaient de son départ, Bernard les passa dans les préparatifs et la fièvre. Au frère Valier qui maintenant hantait la maison, il ne cessait de demander, de son ton dur qui voilait sa satisfaction, toutes sortes de renseignements. Qu’allait-on lui apprendre ? Est-ce qu’on ne se trompait pas en le poussant dans telle section plutôt que dans telle autre ? Lui, voilà, il voulait savoir ce qu’il fallait qu’un Rothschild ou un Gambetta ou « des gens comme ça » dussent savoir. Mais, tout de même, ajoutait-il pensivement, il y en avait des choses à faire pour devenir un de ces hommes ; peut-être des choses qu’on n’enseignait pas au collège ? Il regardait avec une anxiété interrogeante le frère Valier qui souriait sans