Page:Lucrèce, Virgile, Valérius Flaccus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/611

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NOTES
SUR VALÉRIUS FLACCUS.


LIVRE I.

Vers 2. Fatidicam. Ce vaisseau était doué, suivant Apollonius, iv, 580, d’une voix humaine. Quelques auteurs font dériver son nom de celui d’Argus, qui le construisit ; d’autres, d’ἀργὸς, vite, léger, rapide.

v. 3. Juga concita. Tous les anciens, Pindare, Euripide et même Hérodote, iv, ch. 85, rapportent que ces rochers étaient jadis flottants. Pline, iv, ch. 13, explique assez bien l’origine de cette fable ; mais les célèbres voyageurs Choiseul et Olivier l’expliquent encore mieux, en disant que ces rochers étaient volcaniques.

v. 4. Flaminifero. Le vaisseau des Argonautes forme une des plus belles constellations australes.

v. 5. Cymææ vatis. La prêtresse de Cumes, la Sibylle.

v. 6. Cortina domo. Valérius était quindécemvir. Les quindécemvirs gardaient les livres sibyllins. La cortine, cortina, était proprement le couvercle du trépied.

v. 7. Tuque. Le poëte s’adresse à Vespasien, et plus bas veut parler de J. César, qui, à son retour de la Grande-Bretagne, perdit dans une tempête une partie de sa flotte.

v. 12. Versam proles. Domitien, qui faisait des vers dans sa jeunesse.

v. 15. Ille. Titus, au rapport de Pline le jeune, Panég. ch. 11, décerna l’apothéose à Vespasien qui triompha de la Judée, et prit Jérusalem. Ce n’est pas que Domitien n’élevât aussi des temples, et n’accordât les honneurs divins à son père : aussi quelques critiques veulent-ils voir dans les faits dont nous attribuons une part à chacun d’eux, les faits du seul Domitien. Mais il n’est pas probable que le poëte s’en soit tenu à une flatterie tronquée ; il a eu un peu d’encens pour toute la famille.

v. 17. Cynosura. La petite Ourse.

v. 18. Helice. La grande Ourse.

v. 22. Hæmoniam. La Thessalie, ainsi appelée d’Hæmon, fils de Pélasgus. Hæmon eut pour fils Thessalus, qui donna son nom au pays.

Pelias. Pélias était fils de Tyro, fille de Salmonée et de Neptune ; il remontait jusqu’à Deucalion. Celui-ci eut pour fils Hellen ; Hellen, Éolus ; Éolus, Créthée, Athamas et Salmonée, qui donna le jour à Tyro, mère de Pélias. Valérius et Apollonius lui donnent pour fils Acaste ; Diodore de Sicile, pour filles, Alceste, Évadné et Amphinome. Il passait pour avoir été nourri de lait de jument, et était très-cruel.

v. 23. Illius amnes. Il s’en fallait que le très-petit État de Pélias, qui bordait la mer Égée, s’étendît jusqu’à la mer Ionienne ; mais les rivières qui s’y rendent prenaient leur source dans son pays. — L’Othrys, l’Hémus et l’Olympe sont des montagnes de la Thessalie, chantées par tous les poëtes de l’antiquité.

v. 27. Divumque minas. Un oracle d’Apollon avait dit que Pélias périrait par la main d’un homme chaussé d’un seul pied ; or ce fut dans cet état que Jason se présenta un jour à Pélias, pendant un sacrifice. Jason avait perdu son autre chaussure dans l’Énipée, lorsqu’allant au secours de Junon, qu’il ne reconnaissait pas sous un déguisement de vieille, il la tira du péril qu’elle courait, au milieu du débordement de ce fleuve. Voyez Pindare, ive Pyth., v. 124 et suiv., que Valérius a beaucoup imité dans le commencement de ce chant.

v. 29. Super ipsius. Jason, le chef des Argonautes, était fils d’Éson ; sa mère fut Alcimédé. Créthée, son aïeul, avait bâti Iolcos ; Éson, fils de celui-ci et père de Jason, devait y régner, après la mort de son père ; Pélias, frère utérin d’Éson, usurpa sur lui la royauté.

v. 34. Cleonæo. Cléonée, petite ville près de la forêt de Némée, théâtre d’un des douze travaux d’Hercule,

v. 36. Arcas ; et ambobus.... juvencis. Le marais de Lerne, où Hercule tua l’hydre, était en Arcadie. — Ces deux taureaux sont le taureau de Marathon, le même que celui de Crète, et le Minotaure, tous deux tués par Thésée.

v. 40. Hanc mihi. Valérius a imité de Pindare, iv, 277, tout le commencement de ce discours, en transposant seulement les idées.

v. 4 1. Nostri de sanguine. Comme il est souvent question dans ce poëme de l’histoire de Phrixus et de sa sœur, il ne sera pas inutile de la rapporter ici tout entière.

Athamas, fils d’Éolus, frère de Créthée, et oncle d’Éson et de Pélias, eut de sa première femme Néphélé, Phrixus et Hellé. Néphélé ayant été changée en nuage, il épousa lno, fille de Cadmus et d’Harmonie : mais bientôt celle-ci prit en haine les enfants de Néphélé, et, par un horrible artifice, persuada aux femmes du pays de faire rôtir le blé destine à ensemencer les terres. L’année suivante, ces grains brûlés n’ayant pas levé, il y eut une grande disette. On envoya des prêtres consulter l’oracle d’Apollon. Ceuxci, gagnés par les dons d’Ino, déclarèrent que l’oracle ordonnait de sacrifier Phrixus et Hellé. Athamas s’y refusa longtemps. Enfin, contraint par la nécessité, il les fit placer devant l’autel, pour y être immolés. Néphélé, leur mère, portée sur un nuage, vint alors les trouver, les exhorta à s’enfuir, et leur donna un bélier revêtu d’une toison d’or, qui devait leur faire traverser les mers. Mais Hellé ayant glissé sur le dos du bélier, tomba dans le détroit qui prit dès lors le nom d’Hellespont. Phrixus arriva en Colchide, où il sacrifia le bélier dans le temple de Mars, selon l’ordre qu’il en avait reçu d’un oracle. Là, il épousa la fille du roi Éétès, qu’Hérodote, Apollonius, Ovide et Valérius nomment Chalciope ; il en eut quatre enfants, Argus, Phrontis, Mélas et Cytisore.

v. 43. Ferus Æetes. Homère et Hésiode donnent à Éétès et à Circé le Soleil pour père, et pour mère Perséis, fille de l’Océan. Éétès eut deux filles, Médée et Chalciope, et un fils, Absyrte. Selon Apollonius et Hésiode, il épousa d’abord Astérodie, nymphe du Caucase, et en secondes noces, Idya, fille de l’Océan et de Téthys. Hyginus, fab. 3, et Pindare, ive Pyth., rapportent qu’Éétès ayant été averti par des oracles qu’un étranger, fils d’Éolus, le chasserait de son trône, fit périr Phrixus et exila ses enfants. Valérius fait allusion à cette tradition.

Une grande partie de la Colchide, dit Strabon, ii, est bordée par la mer. Elle est arrosée par le Phase, fleuve qui prend sa source en Arménie, et sur lequel on a bâti une ville du même nom, qui est le marché de toute la Col-