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LIVRE DEUXIÈME

Des ans, roule sans trêve à l’écueil de la mort !
Mais nous le savons, nous ! Il suffit. La Nature
Échappe à ses tyrans superbes ; elle dure
Par sa force ; elle agit spontanément, sans dieux.

1180Par l’éternel loisir du calme insoucieux
Où vous vivez, dieux saints, par vos âmes sereines !
Qui de vous, qui, saurait, prenant en mains les rênes,
Diriger l’infini, somme des univers,
Faire à la fois tourner tous les cieux et, des airs,
Sur la terre exprimer le feu qui la féconde ?
Qui, présent à toute heure, en tout lieu, sur le monde
Abaissant le manteau ténébreux des vapeurs,
Secouerait l’air serein de soudaines clameurs,
Souvent pour écraser son propre temple en poudre ?
Ou fuirait aux déserts pour essayer sa foudre,
Arme qui frappe à faux et dont les coups, passant
À côté du pervers, abattent l’innocent !