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Page:Luigi - Le Don Quichotte montréalais sur sa rossinante, 1873.djvu/10

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les opérations essentiellement divines qui font que Dieu existe en trois personnes, Père, Fils et Saint-Esprit.

Eh bien ! Dieu nous a destinés à le voir, non pas d’une vue qui nous est propre, mais de la vue divine elle-même avec laquelle il se contemple ; il nous a destinés à l’aimer, non pas d’un amour découlant de notre propre nature, mais de l’amour divin dont il s’aime lui-même, Au ciel, nous verrons Dieu, comme il se voit lui-même, c’est-à-dire dans le Verbe et par le Verbe, in lumine tuo videbimus lumen ; nous l’aimerons comme il s’aime lui-même, dans le Saint Esprit et par le Saint Esprit, signati estis spiritu sancto… Qui habitat in vobis. En tant que communiqués, cette vue et cet amour seront finis, car la créature ne saurait porter l’infini ; mais, dans leurs principes, ils sont essentiellement divins.

Puisque notre fin dernière consiste à faire des opérations véritablement divines, il faut nécessairement que nous soyons nous-mêmes divinisés, car autrement nous ne pourrions pas être mis en rapport avec notre fin. C’est ce que Dieu, qui est infiniment sage, n’a pas omis de faire. Par la grâce sanctifiante, que nous communiquent les sacrements et que le péché mortel seul peut nous faire perdre, nous devenons réellement participants de la nature divine, suivant cette parole de l’apôtre Saint Pierre : ut per hæc efficiamini divinæ consortes naturæ. Voilà pourquoi Dieu nous dit par la bouche du Psalmiste : Ego dixi : Dei estis, et filii Excelsi omnes : vous êtes des dieux, je le dis, et les fils du Très-Haut.

La grâce sanctifiante ne peut exister en nous comme substance divine, car il n’y a qu’un Dieu et conséquemment qu’une seule substance divine. C’est un mode, une forme divine imprimée à nos âmes par l’application immédiate de la substance de Dieu même. Ainsi, une âme ayant la grâce sanctifiante, est une âme dont la forme est divine, et, dans l’ordre de la grâce, cette forme tient lieu de nature.

Ainsi donc participer à la nature divine pour arriver à jouir de Dieu comme lui-même jouit de lui-même, et user de moyens en rapport parfait avec cette fin à atteindre, c’est-à-dire vraiment